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Une pénurie d’éoliennes


 

Depuis quelques années, l’énergie éolienne a gagné en grande popularité pour les projets de generation. C’est une énergie renouvelable utilisable presque n’importe où (ça et l’énergie solaire) qui, au fur et à mesure que la technologie évolue, devient de plus en plus envisagée pour des petits, moyens et grands projets.

Mais en ce moment, le domaine de l’énergie éolienne est quelque peu victime de sa propre popularité. Les nombreux projets éoliens d’envergure lancés simultanément dans le monde sont si nombreux que les producteurs de turbines à éolienne ont de la difficulté à répondre à la demande.

L’offre en éoliennes connaît une croissance assez élevée malgré tout. En 3 ans, General Electric a fait passer sa production de 300 éoliennes par année à 1000. À mon avis, c’est un exploit majestueux. Les Américains, qui se sont convertis en petite partie à l’éolien, n’ont pas encore beaucoup d’usine sur leur continent. Ils importent donc leurs turbines d’Europe, qui souffre maintenant elle aussi d’une pénurie.

Ce que vous voyez là, c’est une simplification rudimentaire du modèle V52 (modèle de 850 kW) des fabricants danois Vestas. J’emploie le terme « simplification », car en vérité, les éoliennes Vestas sont composées de 8000 pièces livrées par 7000 compagnies différentes. Vous savez ce que ça veut dire? Que pour que Vestas produise 10% d’éoliennes supplémentaires, chacune de ces compagnies doit augmenter sa production de pièces d’éoliennes de 10%. C’est un effort considérable, mais faire de l’électricité pour de grands centres n’a jamais été une tâche facile. La complexité de cette œuvre montre bien pourquoi, avec une demande toujours aussi forte, l’offre d’éoliennes tarde à suivre.

Cette pénurie a causé quelques petits problèmes dans le secteur. Comme les entreprises veulent se débarasser au plus vite de leurs stocks pour ne pas avoir à les entreposer, les fabricants ont tendance à ne livrer que des commandes qui demandent une grande quantité d’éoliennes. Les projets de 10 MW et moins (6 à 7 éoliennes de 1.5 MW, ce qui semble être le modèle dit classique) sont boudés, et plusieurs petites communautés doivent retarder leurs projets éoliens en attendant que l’on veuille bien leur en vendre. N’ayez pas trop de craintes pour les récents projets éoliens au Québec; la majorité d’entre eux ont une capacité de 50 à 150 MW.

Ce qui est frustrant là-dedans, c’est que le marché de la fabrication de turbines à éoliennes aille si bien et que le Québec ait refusé d’embarquer dans le bateau. Le PLQ a choisi, en 2005, de bouder l’entreprise Siemens, qui voulait investir en recherche, en développement et en fabrication d’éoliennes. Cela aurait créé un important pôle de recherche à Montréal et créé des emplois dans l’usine qui était prévue au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais maintenant, le bateau est passé, et Siemens est allé installer sa manufacture en Iowa.

 

4 réflexions sur “Une pénurie d’éoliennes

  1. Voilà un aspect des éoliennes auquel nous ne pensons pas! T’as bien raison en affirmant que le Québec a manqué le bateau… Pas seulement avec la R&D ou une partie de la fabrication, mais avec la décision de confier les projets au secteur privé… Je ne comprend toujours pas pourquoi Hydro-Québec n’a pas conservé cette industrie sous son contrôle…

  2. H-Q n’a pas conservé cette industrie pour la même raison pour laquelle les gros fabricants automobiles ne font pas d’autos électriques: absence de main d’oeuvre spécialisée dans le domaine. Les ingénieurs de l’Hydro font de l’hydroélectricité. Les gestionnaires de Hydro-Québec gèrent de l’hydroélectricité, ce qui a des particularités bien avantageuses, comme la possibilité de faire des réserves en période de faible demande pour générer plus en périodes de pics ^^. Je suis plutôt pour la proposition de QS, qui était de former Éole-Québec qui offrirait une main d’oeuvre spécialisée pour aider les communautés à partir leurs propres projets éoliens en coopérative.

    Siemens, quant à elle, offrait de lancer un pôle de recherche et d’aider à former des ingénieurs en éolien à la poly. On aurait eu une main d’oeuvre qualifiée. Au niveau académique, les Québécois auraient gagné en prestige. Mais encore là, plus j’en parle et plus ça me donne envie de me transformer en contracteur destructif.

  3. Il est certain que cette décision peut paraître frustrante, mais comme je l’ai déjà dit, il n’est pas trop tard et nous n’aurons pas manqué le bateau à ce point de sitôt. En effet, nous disposons au Québec de méga-gisements éoliens, probablement parmi les plus grands du monde. Il ne sera donc pas déplacé, un jour ou l’autre, de confier la tâche à Hydro-Québec (je crois pour ma part qu’il suffit de briser la faible résistance du milieu, et qu’il serait plus logique de n’avoir qu’un seul producteur d’électricité public) de développer le potentiel éolien du Nord québécois. Une Baie James à venir, pour laquelle je promets de me battre si l’occasion m’en est fournie. Et ce jour-là, nous pourrons très certainement former de la main-d’oeuvre et implanter un fabriquant permanent bien de chez nous.

  4. Pingback: Deuxième point d’Amir « Le blog de Manx

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